On est tellement nombreux à craindre beaucoup moins la mort que l’ennui, à se ronger les ongles et à se dire qu’on serait surement mieux ailleurs à faire autre chose.
Mais on reste tout de même sur place à glander toute la journée, à attendre que l’horloge tourne, que les jours défilent inexorablement vides.
On essaie de meubler notre temps par n’importe quoi pourvu qu’on se sente vivre à travers une tasse de thé aux pignons ou même un capucin au gout amer du cramé que l’on dissimule vainement par ces innombrables morceaux de sucre.
Et puis on parle… de tout, mais surtout de rien… On fait semblant de raisonner, de débattre de sujets importants et de critiquer telle personne ou tel sujet avec une curieuse préférence aux propos diffamatoires enflammés qu’il est préférable de ne pas répéter sur cet espace de liberté sous peine d’offrir à Ammar un motif de censure inespéré.
On essaie d’être racistes, répugnants, haïssables, de perpétrer des blagues de mauvais gout, étant incapable de retenir cette envie d’exister, de laisser une emprunte dans cette vie insignifiante quitte à y laisser d’abjectes matières fécales.
On ne l’avoue jamais, mais ont vit une perpétuelle crise existentielle, accablés par la conviction d’être de jeunes gens bourrés de talent, d’être pratiquement les seuls à le savoir et de n’avoir jamais la présence d’esprit d’exploiter ses capacités à bon escient.
Pour garnir cet énorme espace dépeuplé que sont nos vies éparpillées, on s’attache à un regard, à une voix, à un corps, à une bouteille d’alcool ou même à un club de football. On en fait un problème existentiel, une affaire de vie ou de mort.
Néanmoins, on garde toujours l’espoir d’un lendemain meilleur sinon on se serait bien laisser tenter par la pendaison (ou à une autre distraction tout aussi sympathique) depuis fort longtemps.
4 commentaires:
c texte est grandiose. tu as su dévoiler ce qui nous habite
J'apprécies ta plume..
très, très beau texte !
C'est ce que Mylène Farmer appelle la "Génération désenchantée".
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