Je lève mon verre au ciel étoilé sur lequel retentit mon humeur labile.
En hommage à ces mots d’amour balbutiés dans la pénombre, les yeux dans les yeux, entre deux larmes, entre deux sourires…
La rencontre, le bonheur et aussitôt le départ.
Sans crier, sans se dire au revoir, sans même se regarder.
Avaler sa peine, continuer à sourire et poursuivre son bonhomme de chemin calmement et dignement…
Divorcer de l’amour et épouser une cause, voire plusieurs. La polygamie causale étant tolérée (quoique parfois réprimée) dans ce bas monde.
Courir, suivre les flèches d’un parcours déjà tracé d’avance.
Fermer les yeux et se laisser tomber dans le vide.
Trébucher, se casser une dent ou une mâchoire et se relever.
Ne pas mâcher ses mots, tout tenter pour conjurer ses maux.
Au cours d’une sublime nuit, le lendemain d’une déchirure et l’avant-veille d’un bonheur potentiel, sortir de sa coquille et parler en aparté à la pleine lune.
Lui chanter « j’en ai marre » de Samir Loussif.
Lui réciter des versets coraniques qui évoquent l’heureux dénouement qui attend ceux qui s’appuient sur la bonté divine, pour faire pieux et respectable.
La draguer, sans espoir et sans conviction à l'aide d’expressions usées et anachroniques du genre « Héhi stylék béhi » et « terka7li nhezzek el Ennna7li » dans l’unique but de tuer le temps et de dilacérer le silence qui pèse lourd sur la planète.
Il n’y a pire que le silence. Même les propos haineux passeraient nettement mieux.
Danser sur un rythme effréné, entrer en transe avec la musique mystique des Ness el Ghiwane.
La flottille a été attaquée. Saber Khelifa est revenu à l’EST. Neuf militants sont morts.
Il n’y aura jamais de justice pour ses pauvres victimes.
Elle est partie.
Je suis parti de mon côté, empruntant une route sinueuse et poussiéreuse.
Après demain nous mourrons. Mais aujourd’hui et demain nous vivrons.
Même ensevelis six pieds sous terre nous parlerons.
Le vent l’emportera, mais rien ne nous empêche de le narguer et d’être insolent en cet instant T, tel un supporter typique du Club Africain.
Je lève mon verre aux chromosomes, aux tubes de colle, aux plantes tropicales, aux benzodiazépines.
Je salue l’effet yoyo d’un régime trop contraignant.
Je tire mon chapeau au pélican qui se trouve piégé dans la marrée noire qui inonde les cotes de Louisiane, se débat violemment et meurt sous les yeux admiratifs de ce peuple d'inconditionnels des effets spéciaux hollywoodien, en direct sur le JT de 20 heures… C’est ainsi que cela se passe outre atlantique.
Je lève mon verre à la vie. Ami, remplis mon verre…
2 commentaires:
Un texte émouvant, une délicate touche de finesse qui nous berce tantôt dans le monde des rêves, tantôt dans le monde réel...
j'ai adoré, merci pour le partage, bonne continuation.
Venus
Je lève aussi mon verre à la vie. Beau texte...
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