mercredi 6 octobre 2010

Qui défend les droits du peuple tunisien ?

Cela fait quelques jours que je ne dors plus.
La cause ?
Les images poignantes du public espérantiste victime d'une sauvagerie sans précédent de la part des forces de l'ordre égyptiens qui ont visiblement très mal pris qu'une dizaine de personnes allument des feux de Bengale dans les gradins du stade du Caire.

Quand ils subissaient l'impensable barbarie des policiers, le public, ne sachant plus à quel saint se vouer, se mit à entonner notre hymne national:
"Houmet al hima ya houmet al hima
halommou halommou li majd ezzaman,
Lakad sarakhat fi ouroukina eddima,
namoutou namoutou w yahia al watane"
à traduire:
"Ô défenseurs de la Nation, allons à la rencontre de la gloire !
« Mourons s'il le faut pour que vive la patrie ! »
Clame le sang qui coule dans nos veines."

Avant de conclure avec les deux vers de Aboulkacem Chebbi que je ne saurais citer sous peine de ne plus pouvoir continuer mon récit.

D'ailleurs, je suis malade de ce que j'ai vu. Je suis troublé, attristé, peiné, outré, révolté...
Couverts du drapeau national tunisien, ces jeunes instruits pour la plupart se sont trouvés face à face avec un bourreau qui leur a adressé sans se poser de questions des coups de matraque meurtriers...
J'en perds la suite de mes idées, ma logique, mon sang froid, ma raison... Je ne suis plus.

La police égyptienne mondialement et tristement connue pour ces nombreux cas de transgression des droits de l'homme les plus élémentaires, s'en est prise à mon peuple.
Or, je suis mon peuple.
Qu'ils soient ivrognes, pieux ou agnostiques. Riches, pauvres ou faisant partie de la classe moyenne. Je représente mon peuple totalement et complètement.
Et mon peuple me représente à chaque fois qu'il quitte le territoire ou qu'il se mesure à des étrangers quelque soit la compétition ou la discipline.
Quand Mohamed, Larbi, Sadok et les autres se sont pris des coups de matraque, je les ai ressenti ici, chez moi, dormant bien au chaud dans mon lit douillet.
J'en garde encore des stigmates indélébiles.
Je n'en pleure pas, parce que je ne sais plus pleurer, même si l'envie est tellement forte...

Après avoir craint pour leurs vies et avoir été arrêtés pour beaucoup, marqué au fer rouge pour les autres et à la matraque et aux poings parfois, ces gens là s'en sont pris plein la gueule de la part des médias égyptiens.
Ils ont été trainés dans la boue par nos amis de "Omm eddonya" avant d'être désavoués par les leurs.
Le Bureau directeur de l'espérance et le bureau fédéral de football tunisien présente ses excuses au nom du peuple tunisien pour ce hooliganisme de cette "frange égarée"...

Pourtant, sur les images, cette frange n'a été égarée que par la férocité de la police égyptienne.

Ne s'en est suivi aucun témoignage de sympathie, aucune défense acharnée et aucune intervention de l'ambassade qui vaille la peine d'être citée.

la "frange égarée" est écrouée au Caire et Dieu seul sait comment ils sont traités par ces bêtes féroces inhumaines. Mais, suis-je le seul à m'en inquiéter ?
Ils encourent jusqu'à cinq ans de prison, suis-je le seul con à en perdre le sommeil ?
Ils sont coupables d'avoir allumé des feux de Bengale ? De s'être défendu quand les policiers égyptiens les ont dévoré sans vergogne ?
Cinq ans ? putain... J'en perds les pédales...
Même pas la possibilité d'être rapatriés pour l'instant ?
Suis-je le seul à y voir une intolérable injustice à l'encontre de onze de nos ressortissants ?

Qui est là pour nous défendre ?
Nous sommes citoyens d'un beau pays nommé Tunisie.
Nous payons les impôts et nous suons sang et eau pour que des responsables ventrus, moustachus et écœurants de suffisance en venant se la péter dans le JT à propos de classements bidons où l'on est premier dans le monde arabe et le continent africain dans la qualité de "survie" notamment.
Nous subissons chaque année des accidents de transports en commun qui tuent plus que ne le fait le SIDA.
Aucun responsable n'est désigné. Aucun coupable n'est reconnu.
Pourtant, nous nous taisons, en attendant sagement que des problèmes techniques ou des freins défaillants viennent mettre un terme impunément à notre minable existence.

Cependant, quand nous sortons en dehors de nos frontières, Nulle aide, nulle reconnaissance, nulle solidarité et nulle pitié.
Pourtant, c'est notre droit d'être protégés et de voir nos intérêts défendus par l'état où que nous allions. Nous ne demandons pas la lune.
Juste un peu de décence et de dignité.

Touche un cheveu à un marocain ou à un algérien en Tunisie ou partout ailleurs et leur ambassade et leur consulat monteront aussitôt au créneau pour te corriger sévèrement.
Quant à nos ambassades et nos consulats, ils sont atones et léthargiques quand il s'agit de nous secourir.

Nous sommes tunisiens, nous en bavons pour avoir un simple VISA touristique pour le présumé "paradis" schengen, nous n'avons pas de presse digne de ce nom, nous n'avons pas de vie politique épanouïe ni de débats qui mériteraient d'être suivis et pourtant nous restons dans notre pays, nous militons pour lui permettre de gravir doucement mais surement les échelons du développement.
Alors, faites votre travail convenablement. Ce n'est pas une faveur que je demande, mais votre devoir de nous défendre que j'exige...

Pour cloturer en beauté, je cède finalement la parole à Aboulkacem Chebbi, le plus grand poète tunisien:

"Lorsqu'un peuple veut la vie, force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper et aux chaînes de se rompre !"

5 commentaires:

Anonymous a dit…

Texte tres émouvant.......

The Stupid a dit…

Elli ya3mél bidou rabbi yzidou
Ils ont allumé leurs fumis...les policiers égyptiens n'ont pas su réagir et c'est parti en couilles
Moi j'éprouve aucune sympathie pour des gens qui sont partis "faire la guerre" en Egypte et qui ont donné de nous une image de sauvages !!!

Anonymous a dit…

@The Stupid : et vous avez de la sympathie pour la police égyptiens je présume ??? arrêtez de nous faire la morale ; c'est un public de foot et la police est aussi fautive que nos compatriotes c'est quoi le crime d'allumer des fumigènes ??

Anonymous a dit…

@ The stupid: Tu sais il y a deux types de réactions face à des coups de matraques et des "brises" de gaz lacrymogènes: il y en a qui réagissent comme ont fait ces "sauvages" pour reprendre ton terme, et il y en a qui se serraient pissé dans leur froc comme ça aurait été ton cas monsieur tout doux :-)
9allou fumigènes, ey w barra fumigènes, ça aurait brûler le Caire par exemple!! malla rouaye9!

Anis a dit…

Je crois rêver !
Combien de morts et de blessés dans nos stades suite à des affrontements avec la police ??

Svp ne mélangez pas amour de la patrie avec le foot! Ce nationalisme stupide nous mène au désastre: quand le public se comportera normalement il n'y aura plus de réaction de la par des policiers.

Vous vous demandez qui va défendre nos droits à l'étranger alors qu'en Tunisie même nos droits ne sont pas défendus !
Personnellement j'ai été une fois au stade et je le regrette: il n'y a pas d'esprit sportif, pas d'ambiance familiale 'bon enfant'; les gens y vont plutot pour s'entretuer...