vendredi 31 décembre 2010

Bonne année ma Tunisie !









Une année qui s'achève difficilement, dans la douleur et dans le recueillement.
Des images défilent dans ma tête et me volent le sourire et tout infime espoir de sommeil.

De toutes les femmes du monde, Tunisie je t'ai choisie.
Pour dire vrai, je n'ai pas choisi ton passeport vert qui ne fait pas le poids en demandant le VISA à de pauvres ambassades prétentieuses. Mais aujourd'hui comme hier, je me noie dans ta passion et je remercie le Très-Haut de m'avoir fait citoyen de ta terre bénite.

Je suis là, heureux, à me promener avec délectation, les mains dans les poches dans tes ruelles au doux parfum de jasmin et de détritus.
Tunisie, tu me troubles, tu m'habites, tu me démanges parfois, mais tu m'obsèdes depuis toujours.
Aujourd'hui, je te regarde, ému, les yeux dans le sud. J'en perds même le nord.
Aujourd'hui, je m'adresse à toi avec amertume.
On m'a censuré, ma Tunisie... Oui... Je t'assure que c'est la vérité !
On a jugé mes paroles dangereuses ou pas assez naïves pour passer leur chemin...
Je ne sais pas pourquoi... Pourtant, je t'aime, tu sais...
J'ai fait un blog miroir, qu'ils aillent se faire foutre...
La censure est une pute et tu n'as rien à y voir, je sais...

Passons... Urinons leur dessus (traduction littérale de l'arabe dialectal)

Ma Tunisie, j'ai mal pour toi. Mes maux ne sont pas nouveaux, tu sais !
Cela ne date pas d'hier, les abus, les mensonges, les calomnies et tout ce qui s'ensuit...
Mais, je t'aime quand-même.. Je t'aime comme pas possible... Comme le Club qui ne gagne jamais rien et qui m'émeut aux larmes à chaque match et que je suis partout où il joue.


Passons... Urinons leur dessus (traduction littérale de l'arabe dialectal, comme tout à l'heure)


Pour être franc, 2010 ne fut pas pour moi une mauvaise année. J'y ai aimé comme toujours, tu vois...
Deux filles précisément !
Mais la première ne compte pas, parce que c'est la progéniture de 2009 voire même un peu plus tôt.
Mais ne sombrons pas dans des détails inutiles...

Passons... Mais ne leur urinons pas dessus STP... J'en ai gardé de superbes amies et elles n'ont jamais manifesté même un brin de malveillance.


Mon pays, je ne te parle même pas de l'épisode qui  te secoue de plein fouet... Tu sais ce qu'on va faire ? On va s'en tenir à la version de TV7, c'est mieux: C'est juste un cas isolé d'un dépressif qui a voulu se donner la mort en s'immolant. Un putain de fait divers comme il y en a tellement... Sinon, tout va bien. Tes terres sont encore investie de amen et surtout de amn...
Nessma TV, nous gratifiera d'une version axée de face inéluctable sur la crise mondiale. De la poudre aux yeux, pour faire semblant de forcer le verrouillage médiatique alors qu'il n'ont fait que le renforcer.

Passons... Mais ne leur urinons pas dessus STP... Si pour m'être exprimé gentiment, on m'a censuré, t'imagine si on leur pissait dessus ?

Ne me dis pas que je te soûle ma pauvre Tunisie avec mes histoires, même si probablement, c'est le cas...
Je sais que je suis bavard et que je m'égare souvent du sujet pour lequel j'ai début mon billet.
Sur ce, je te souhaite une bonne nuit, une heureuse année et une éternelle jeunesse comme ma génération qui refuse même l'idée d'incliner la tête quelque soit l'interlocuteur.

Pour cadeau je t'offre cette merveille de Cheikh Imam. Je la fredonne sans arrêt depuis un bon moment. Je ne saurais clôturer mon billet de voeux autrement qu'avec les termes du maître de la contre-culture:


وكل يوم فى حبك تزيد الممنوعات وكل يوم باحبك اكتر من اللى فات

mercredi 29 décembre 2010

Le Boukornine (et Sidi Bou) ne meurt jamais !








"C'est le propre des censures violentes d'accréditer les thèses qu'elles attaquent." Disait el mar7oum Voltaire.
Aujourd'hui après la censure de mon blog le Boukornine en Tunisie, je me vois dans l'obligation de réitérer la thèse qui a été accrédité par le censeur national, Ammar 404 du nom en lançant un blog miroir: le Boukornine 2.

Sidi Bou.
Une ville.
Un chômage.
Un citoyen.
Un désespoir.
Une altercation.
Une immolation.
Une manifestation.
Une répression.
Une contagion.
Un Meknassi.
Un Bouzayene.
Des protestations.
Des slogans.
Un réveil.
Une excitation.
Une citoyenneté.
Des retrouvailles.
Des couilles.
Un Facebook.
Un Twitter.
Une Aljazeera.
Une répression.
Des slogans.
Des Hommes.
Des jeunes.
Des avocats.
Des marins.
Des gouvernorats.
Un soulèvement.
Une répression.
Des matraques.
Une censure.
Un Bikolli7azm.
Des kidnappings.
Des arrestations.
Une répression.
Des slogans.
Des protestations.
Une citoyenneté.
Des retrouvailles.

Un Boukornine 2.
Un FuckAmmar...

Affaire à suivre...

lundi 27 décembre 2010

Ammar 404 me rend visite !




Après trois longues années d'interminable attente.
Après des jours et des nuits passés à être un bon citoyen.
Après des inspirations, des transpirations et des idées recherchées.
Après avoir fait de ma citoyenneté une priorité absolue.
Après que tous les blogs et sites d'information qui se valent aient reçu le prix Nobel tunisien de la censure, véritable gage de qualité et de pertinence...

Ammar 404 me rend enfin visite... Même si ce n'est que pour les deux derniers articles qui parlent de Bouzid.
Apparemment, parler de cette région est devenu prohibé dans ce bled. Sauf si c'est pour dire que des centaines de projets ont été lancé ces derniers jours.

De toute manière, j'en suis ému. J'en suis content. J'en suis fier !

Enfin !
Notre censeur national, m'a accepté dans le cercle très fermé des bouches qu'on rêverait de recoudre parce que leurs paroles dérangent.
Je remercie du fond du coeur Ammar 404  d'avoir pensé à moi. D'autant plus, qu'il est actuellement en train de creuser sa propre tombe et que dans pas longtemps, il n'aurait peut-être plus l'occasion de jouer aux durs avec moi.

Joyeuses fêtes Bouzid. Joyeuses fêtes planète Tunisie. Ammar, je t'emmerde !

vendredi 24 décembre 2010

lundi 20 décembre 2010

Sidi Bou, la version officielle...











Un méchant citoyen, qui avait des milliers d'opportunités de travail et qui a choisi comme un con de vendre des clémentines à la sauvette.
Un agent de la police municipale est venu lui rappeler gentiment les règles en vigueur : "SVP changez de trottoir !"
Le petit con s'est avéré pyromane ! Il a vite sorti un briquet tout droit arrivé de Chine (par le biais de l'économie souterraine qui ronge notre PIB) et a tenté de s'immoler...
Le charmant agent municipal a assuré de sitôt les premiers secours et a appelé en urgence une équipe de soins qui l'a transporté de suite à l'Hôpital de Ben Arous où il a reçu un accueil "chaleureux" et a bénéficié des meilleures conditions.

Des renégats qui se font passer pour des d'opposants ont sauté sur l'occasion pour dénigrer le régime en place qui fait tout son possible pour rendre la vie agréable dans ce patelin de la Tunisie dont l'économie est fondée sur le secteur agricole. (lait wa mochta99atou surtout)
Ils diffusent des images trafiquées qui laissent apparaître des échauffourées voire des rixes entre forces de l'ordre et population ce qui n'est que pure calomnie.

En réalité, dans le cadre du développement de ces régions éloignées de la capitale et celui du développement du tourisme intérieur, nous avons décidé de lancer le programme culturel intitulé: "Paintball à Sidi Bou" !

L'animation dans les rues de la ville est garantie par des fonctionnaires de l'état qui suent sang et eau pour offrir le plus beau des spectacles à ces populations que l'ennui assassinait tout les jours.

Les parties de paintball opposent deux équipes nombreuses. L'une d'entre elles porte des tenues noires, les autres ont une liberté vestimentaire totale. (Sauf la tenue de l'Espérance de Tunis est bannie pour cause de match l'opposant au CSHL la prochaine journée)

A la fin de la partie, les deux équipes, dans le cadre du fair-play, seront amenés à se voir et à s'embrasser dans des édifices où les hommes en noir se sentent comme chez eux.
Les hommes en noir auront même l'amabilité d'inviter leurs hôtes à dormir chez eux, logés et nourris aux frais de la princesse !
Cerise sur le gâteau, les invités auront même droit à des séances de massage assurées par des hommes en noir, moustachus ventrus mais super gentils !

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...



[Réveille-toi Lakhdhar...]

بلادي قمة في الإغتراب وغرغر يا غراب...




Sidi Bouzid s'embrase pour faire comme Mohammed Bouazizi. (Individu tunisien hautement digne et inflammable désespéré, exaspéré et nullement apeuré)
C'est bien connu le feu se propage rapidement dans les régions où la flore est épanouie.
La police réplique.
Et puis, on ne sait plus rien.
Les médias étrangers en parlent.
Les médias locaux esquivent, se taisent et traitent encore de la réponse du ministre des affaires religieuses quant à la pollution sonore de l'appel à la prière.
On s'en fout royalement.
On veut des Fahem Boukaddous partout sauf dans la cellule comme celle dans laquelle il gît.
On veut des Hommes dans les médias. On veut être pris pour des Hommes.
On veut être pris pour un peuple et non pour un troupeau.
Le summum de l'aliénation est d'apprendre les nouvelles de ton propre pays, de ton propre gouvernorat et parfois même de ton propre quartier par le biais de journaux russes, français ou anglais.

Des fois, je me demande si les gens qui se croient permis de diriger notre destinée avec un paternalisme stalinien, ont encore à l'esprit que nous avons des droits, que nous sommes des êtres vivants capables de discerner et qu'à trop insulter notre intelligence, elle finit par imploser pour faire naître des ondes négatives qui seront délétères au pays entier.


Je ne peux pas me targuer de boycotter tous les médias tunisiens à l'occasion de cette nouvelle mascarade, vu que c'est déjà le cas depuis quelque temps.
Hommage à Sofiene Chourabi, au passage, qui fait un excellent boulot à ses risques et périls.

Ce soir, j'ai mal à mon Sidi Bouzid, comme j'ai eu mal à mon bassin minier et à mon Ben Guerdane, il n'y a pas si longtemps.
Ce soir j'ai mal à mon pays. Une contrée dans laquelle, les diplômes et les êtres humains ne font plus le poids face à la répression et aux abus qui sont monnaie courante.

Dernière chose, qu'on arrête de poursuivre ces infortunés. Si l'économie souterraine, si nocive soit-elle aux chiffres que l'on présente fièrement dans les classements, est en plein essor c'est que le gouvernement n'arrive pas à fournir un travail à une jeunesse qualifiée et diplômée.
Un maîtrisard en informatique ne vend pas des clémentines pour le plaisir, messieurs les jurés !

mardi 7 décembre 2010

3 ans de blogging !

Mon tout premier billet remonte au 6 décembre 2007, il s'intitulait: Tête brûlée au troisième degré (ici). Depuis le style a quelque peu évolué au même titre que mon humble personne.
Cela fait tout juste trois ans.
En trois ans de blogging, trois ans d'émotions, trois ans d'indignations, trois ans d'exclamations, trois ans d'humour, trois ans d'amour et quelques mois de désertion... 

J'ai choisi un style, celui qui me correspond le plus. J'ai préféré m'écrier au lieu de me contenter d'écrire. 
Ne nous voilons pas la face. Nous sommes dans un pays où la liberté individuelle est limitée à l'expression de sa dévotion et de son entière allégeance au courant socio-politique dominant.
Les blogs sont devenus de ce fait, des espaces vitaux pour notre société. Un lieu inespéré où l'on vient s'exprimer, discuter et critiquer sous couvert d'anonymat sans nulle crainte d'être taxé "d'opposant" ou "d'élément perturbateur", un temple de la contre-culture et une sérieuse alternative au JT pourri de TV7 et à l'odeur du préfabriqué des communiqués de la TAP. 

Bien sûr le blogging est à la base, une initiative personnelle qui sert avant tout à revendiquer sa différence dans une société en pleine mutation qui ne fait pas de cadeaux à ceux  qui nagent à contre-courant, une sorte de journal intime tenu par un exhibitionniste qui s'y promène à poil.

J'ai vu durant cette période plein de blogs se faire censurer, plein de phrases émancipées se faire massacrer par des moins que rien. 
J'ai juré de continuer de me battre jusqu'au bout quitte à laisser des plumes. 
Aujourd'hui je fête les trois ans de mon Boukornine, je vous donne rendez-vous dans cinquante ans !