
-Salwa, 44 ans, cancer du sein avec métastases osseuses et cérébrales:
Trop jeune pour mourir, trop jeune pour souffrir autant. Quand elle venait consulter, elle avait le sourire aux lèvres. Son mari qui l'a conduite à l'hôpital Salah Azaïez, (le fief incontournable des désespérés de la vie tunisiens), lui a rappelé au moment où elle descendait de la voiture qu'il l'aimait, comme tous les jours d'ailleurs.
D'après les expressions dépourvues d'un quelconque espoir du visage du médecin, Salwa a compris que ses deux beaux jumeaux de 10 ans allaient dans un laps de temps qui ne pouvait durer intégrer la triste liste des orphelins de sa région.
Une fin morose pour cette femme qui s'est toujours battue pour réussir à faire cette carrière étincelante.
Le médecin l'a prévenue.
Incessamment, allaient commencer ces douleurs osseuses insoutenables et que la morphine ne fait que chatouiller. Elle se devait d'attendre vaillamment cette évolution vers une mort certaine qui viendrait couronner son agonie.
-Hamid, 25 ans, Victime d'un accident vasculaire cérébral:
Il est désormais condamné à baver le restant de ses jours. Lui, le jeune homme à la carrure enviée par tous, se retrouve d'un coup plongé dans un désespoir difficilement récupérable.
Comment peut-on balancer en quelques minutes seulement d'un gagnant à une loque humaine?!
La vie n'a aucun sens.
Pourquoi on ne songe jamais à la maladie quand tout va bien?
Il fallait se poser ces questions bien avant. Maintenant les jeux sont faits, et ses repentirs ne servent plus qu'à se mordre les doigts sur ses moments passés à ne rien faire alors qu'il pouvait littéralement tout faire.
Chaque jour que dieu fait, il se demande avec insistance à quoi bon vivre quand on ne vit pas vraiment.
-Samia, 40 ans, état dépressif sévère depuis 10 mois:
A partir du jour où l'amour de sa vie, le seul être qui n'ait jamais compté à ses yeux, à savoir son mari l'a quitté, plus rien ne comptait pour elle.
Qu'est-ce qui a changé en vingt ans pour que celui qui n'avait d'yeux que pour elle change de cap vers une autre femme certes moins âgée mais moins sympathique qu'elle?
Les rides me diriez vous?
C'est certainement cela.
La lassitude de voir se pointer toujours à la même heure, au même endroit, la même personne?
C'est vrai que c'est saoulant à la longue.
Elle lui a tout donné. Son cœur, son temps, sa vie, ses joies et ses peines.
Maintenant qu'il ne veut plus d'elle. Elle non plus ne veut plus de la vie, dégoûtée qu'elle est par cette logique qui fait de l'amour le mensonge à la fois le plus formidable et le plus épouvantable qui puisse exister.
Ces destins n'ont à priori rien au commun. Mais vous aurez compris (j'espère!) que leurs voies se sont croisés là où l'on demande de revenir à la case départ, là où l'unique ambition est de se faire dévorer par des larves affamées et là où le corps s'autoproclame charogne.
L'euthanasie, derrière ce nom pompeux se cache un concept des plus controversés.
Vous aurez remarqué que le dernier exemple diffère des deux premiers par l'absence de toute atteinte physique (Ne vous inquiétez pas, c'est fait exprès). Cela pose toute la problématique de l'euthanasie.
Quelle différence y a-t-il avec le suicide dans ce cas?
Quelles devraient être les critères pour pouvoir profiter de ce service peu commun?
Si on a des connaissances dans le "ministère des cas inespérés" ne risque-t-on pas d'avoir des autorisations de complaisance?
La médecine qui a pour fondement essentiel d'agir pour guérir des malades, serait-elle en mesure de reconnaître ses insuffisances? Et d'admettre que d'injecter la mort à des êtres humains devient parfois la seule manière de les soulager?
Pour ne pas terminer sur des interrogations qui pourraient vous donner le vertige, je terminerai par un "je ne sais pas" classique qui vient vous rendre le sourire après ce texte qui fait mine de vous divertir par un sujet sombre quoique légitime et qui a l'abominable prétention d'aspirer à faire marcher votre substance grise pour que vous puissiez enfin répondre par un OUI ou NON juste et réfléchi.
5 commentaires:
Si on peut avoir un avis en faveur ou
contre l'euthanasie, je crois que le plus difficile serait la manière dont elle serait appliquée, et quelles seraient les personnes qui pourraient en bénéficier. Réfléchis à un article là-dessus
Ya Mourad cette problématique est la base même de cet article ! :)
Relis le post :) w ma tezrebch barcha :p
Nous en tant que musulmans, nous devons nous enlever de la tête toute idée aussi bien d'euthanasie que de suicide. Cette idée ne doit nullement effleurée nos esprit c'est un grand péché que de se donner la mort
Il est vrai que nous sommes tous un jour ou l'autre confronté à une maladie incurable ou à un état suicidaire mais nous devons accepter ce que la vie nous a réservé avec toutes ces joies et ces peines. surtout garder la foi et ne jamais désespérer.
Khalil que le patient soit croyant ou pas nous en tant que médecin musulman nous n'avons pas le droit de s'octroyer le rôle de Dieu, seul le Dieu a le droit d'ôter la vie.
Un médecin n'est pas le propriétaire de la vie de ses patients. Toute décision doit impérativement être prise apres concertation et reflexion entre le corps médical et le patient.
Le rôle d'un médecin est de soulagé les malades, d'être à leur écoute, et de savoir faire preuve de compassion. S'il ne peut soulager le corps, et s'il n'y a aucun espoir que cela puisse changer, il doit alors soulager l'âme, si le patient en fait la demande
L'être humain n'est pas un simple sac de viande qu'on raffistole plus ou moins bien, il serait temps d'en prendre conscience et de laisser aux incurables le droit de mourrir dans la dignité!!!
cordialement
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